VENTRE DE LUNE

Synopsis:

Dans un petit village des hauts plateaux du Chiapas, une jeune femme Tsotsil qui va accoucher pour la première fois, invoque les souvenirs des femmes qui l'ont précédée pour affronter ce moment. En proie à la peur et à l'incertitude de donner la vie, elle découvre la maternité à partir de la cosmovision de son monde.

Liliana K'an

Brève Bio

Originaire de San Juan Chamula au Chiapas, au Mexique, elle est la fille d'un père Maya Tsotsil et d'une mère Maya Tseltal. Elle parle le Tsotsil et elle a étudié une licence en communication interculturelle à l'Université interculturelle du Chiapas (UNICH). Elle a une formation en Arts Visuels et s'est formée dans des ateliers de production audiovisuelle et cinématographique, notamment le "CCC con patas" une formation délivrée par le Centre de Formation Cinématographique (CCC).

Bio Complète

Liliana Guadalupe López López, connue sous le nom de Liliana K'an.

Fille d'un père Tsotsil et d'une mère Tseltal du Chiapas, au Mexique, elle est originaire de San Juan Chamula. Elle a obtenu sa licence en communication interculturelle à l'Université interculturelle du Chiapas (UNICH). Elle a suivi une formation en arts visuels à l'Université des Sciences et des Arts du Chiapas (UNICACH) et a suivi des ateliers de production audiovisuelle, de photographie, d'écriture de scénario et de montage, entre autres matières.

En 2014, elle réalise son premier exercice documentaire, "Ak’riox (Guiadora de caminos)" dans le cadre d’un atelier organisé par le Centre de Formation Cinématographique (CCC). "Ventre de lune" est son premier court métrage, il a obtenu le soutien du Stimulus pour la création audiovisuelle au Mexique et en Amérique centrale pour les communautés autochtones et afro-descendantes (ECAMC) ainsi que du programme de soutien à la post-production FOCINE, tous deux coordonnés par l'Institut Mexicain de la Cinématographie (IMCINE).

Déclaration:

Brève

“Ventre de lune" est un journal de bord filmique, un portrait personnel de ma vie et de celle des femmes qui m'ont précédée. C'est un enregistrement de la mémoire, des rêves, mais aussi de notre réalité. En tant que femmes tsotsil, nous avons décidé de raconter nos joies, nos peurs et nos tristesses, notre expérience face à ce moment unique. Cette proposition de documentaire cherche à mettre à nu le sujet de la maternité, devenu si stéréotypé et commercialisé dans la société. Accompagnée des voix de ma mère et de mes grands-mères, je voyage sur le chemin de ma propre maternité, en puisant dans ma culture et dans l'univers de ma cosmovision. Ce film est un témoignage qui restera pour les futures générations.

Complète

À l'âge de 17 ans, je me suis occupée de ma petite sœur, Julieta, parce que ma mère travaillait. Julieta et moi avions tissé des liens étroits, mais j'ai dû m'éloigner d'elle lorsque j'ai commencé à tracer mon chemin, à la recherche de l'université où j'allais étudier. Depuis, la maternité est un sujet qui me passionne, peut-être parce que j'ai vu naître et grandir mes petites sœurs, mais je me suis aussi interrogée, j’ai toujours pensé qu'il y avait d'autres façons d'être mère.

En 2017, j'étudiais la communication lorsque j'ai décidé de faire des recherches sur le sujet. La première chose que j'ai faite a été de chercher des archives cinématographiques proches de mon contexte, San Juan Chamula, afin de mieux comprendre la conception de la maternité dans le monde tsotsil. Le manque d’informations sur le sujet a fait qu'il était d'autant plus important pour moi, en tant que femme tsotsil et cinéaste, de le porter sur grand écran.

J'ai mené des recherches approfondies auprès des femmes de mon entourage, mais aussi des sages-femmes et des “rezadoras” (celles qui prient). Dans leurs récits, tous leurs sentiments passés débordaient. Les femmes de ma communauté ont toujours conservé la richesse orale, la ritualité, la nature mythique et mystique de notre façon de comprendre le monde à San Juan. C'est alors que j'ai décidé de m'asseoir et de commencer à tisser lentement cette histoire.

À la suite d'une conversation avec ma mère, j'ai découvert l'existence d'une prière très particulière qui est offerte aux bébés avant leur naissance. La sage-femme ou la guérisseuse offre des bougies, des fleurs, du pox (liqueur) et une prière dans laquelle elle mentionne de nombreux éléments de notre culture et demande aux déesses de bien vouloir s'occuper de la fille ou du garçon qui arrive. Ma mère m'a dit que cette prière était un cadeau pour la mère et son bébé, pour demander le bien-être des deux le jour de la naissance, mais sa compadre, une guérisseuse, nous a dit que plus personne ne priait pour cela. Cette prière de la mère et de l'enfant que nous avons héritée de nos mères, grands-mères et grands-pères, s'est estompée avec le temps. Néanmoins, elle a prié pour ma future grossesse.

La maternité, que l'on associe toujours au bonheur et à l'amour, s'accompagne aussi de craintes. J'avais 25 ans lorsque j'ai décidé de tomber enceinte. Je pensais tout savoir, mais ce n'était pas le cas. Ce fut une étape merveilleuse où j'ai vu mon ventre grandir et où j'ai senti ses mouvements à l'intérieur de mon corps, mais ce fut aussi une étape angoissante, car j'ai eu une grossesse difficile. Donner la vie est synonyme de joie et d'incertitude, deux émotions qu'il est illogique de ressentir en même temps et qui se manifestent le jour de l'accouchement. Pendant la phase post-partum, pour me renforcer émotionnellement et physiquement, il était important que les connaissances de ma mère, de ma grand-mère et de ma belle-mère m'accompagnent.

“Ventre de lune" explore cette connaissance des femmes tsotsil et les émotions qu'une femme ressent lorsqu'elle décide de devenir mère, un moment aussi beau que difficile.